Valérie Le Roy, directrice du Salon de l’Agriculture, le salon du vivant !

Valérie Le Roy, directrice du Salon de l’Agriculture, le salon du vivant !

A quelques jours de l’ouverture du 54ème Salon International de l’Agriculture, nous avons rencontré Valérie Le Roy, qui en est la directrice. Le premier évènement du monde agricole n’est pas une découverte pour cette professionnelle des salons, puisqu’elle en a assuré la direction de la communication pendant une dizaine d’années. Pour Valérie Le Roy, l’évènementiel est un fil rouge qui l’a menée à exercer des responsabilités au sein d’entreprises comme Siemens, le Public System, Reed Expositions, puis Comexposium.

valerie leroyGazette des Salons : Bonjour Valérie Le Roy. Existe-t-il une formule pour définir simplement un évènement aux facette multiples tel que le Salon de l’Agriculture ?

Valérie Le Roy : C’est avant tout le salon du vivant ! Qu’elle se traduise sous une forme végétale, animale, ou humaine, c’est cette notion très forte qui constitue le ciment et l’identité du Salon de l’Agriculture. Pendant 9 jours, il est un lieu de vie non-stop qui rassemble par exemple les éleveurs et leurs animaux. C’est toute la différence avec un salon traditionnel qui s’arrête à 19h. Héritier d’un comice animal, le salon s’est construit au fil du siècle pour devenir ce qu’il est aujourd’hui. Le ministère en a repris les rênes dans les années 50, pour mettre en avant les régions et les produits.

Le Salon de l’Agriculture est aujourd’hui la propriété du CENECA, Société d’Economie Mixte, qui regroupe les principales organisations agricoles. Nous allons ouvrir la 54ème édition, et il représente un évènement à fort affect pour les français, soucieux pour beaucoup, de renouer avec leurs origines rurales. Le Salon de l’Agriculture fait partie des quelques grands évènements largement fédérateurs de notre pays, à un niveau comparable à celui du tour de France. Les grands secteurs du salon sont : les régions, les produits, les animaux, et les institutionnels.

GdS : On a toujours tendance à classifier les salons, soit grand-public, soit professionnel. A quelle catégorie appartient le SIA ?

VLR. Le Salon de l’Agriculture est avant tout connu pour sa dimension grand-public, qui est la plus médiatisée, mais la dimension professionnelle monte en puissance au fil des années. Les petits producteurs des régions sont d’avantage tournés vers le grand-public, source de retombées immédiates. En revanche, les éleveurs viennent clairement pour « faire du business » sur le long terme, et nous poussons cette dimension pro pour la rendre plus visible. Le SIA est un lieu d’affaires, notamment en ce concerne l’achat de génétique et de semence. Le village des professionnels dans le Hall 1 propose 22 ateliers autour de ces thématiques.

Beaucoup d’exposants utilisent cette double identité pro et grand-public. Par exemple, le Crédit Agricole qui vient sur le salon pour rencontrer ses sociétaires, mais en profite aussi pour communiquer auprès du public.

Au-delà des étiquettes, finalement c’est la pédagogie qui est au cœur du salon, qu’elle s’adresse aux professionnels ou bien à un large public. Elle se décline de nombreuses manières, comme la ferme pédagogique en partenariat avec le syndicat des vétérinaires, ou bien le fournil pédagogique qui nous emmène du grain de blé jusqu’à la baguette. Tous les organismes de races profitent du salon pour faire de la pédagogie auprès des urbains, mais surtout auprès des professionnels qui sont leurs clients potentiels. Nous encourageons vivement nos exposants et partenaires à partager leurs connaissances et leur enthousiasme.

GdS : La période n’épargne pas le secteur agricole, cette édition s’annonce-t-elle plus compliquée ?

VLR : Après une année de récoltes décevantes, émaillée par les problèmes sanitaires, il est vrai que le salon se déroule dans un contexte tendu. Cette année, nous ne pourrons pas présenter de volailles à cause de la grippe aviaire. Ceci n’a malgré tout pas entrainé le départ des exposants du secteur, qui en profitent au contraire pour communiquer et faire de la pédagogie. A ceci s’ajoutent les nouvelles tendances alimentaires, telles que le flexitarisme ou le veganisme qui surfent sur la dénonciation de l’élevage et de l’abatage industriels.

Par définition, le Salon de l’Agriculture est un lieu d’expression des problématiques agricoles, et il est normal que chacun puisse s’exprimer dans la limite du respect de ce que représente cet évènement et de tous ceux qui y contribuent. Cette année, comme toutes les années électorales, un éclairage particulier sera porté au travers du salon sur le monde agricole, ses difficultés, mais aussi ses nombreuses opportunités.

GdS : Existe-t-il une synergie avec d’autres évènements ?

VLR : Naturellement. Pendant 5 jours, la tenue conjointe du SIA et du SIMA fait de Paris la capitale mondiale de l’agriculture. Pendant cette période, 1 million de visiteurs à Paris sont concernés par au moins un des deux salons, qu’ils soient exposants ou visiteurs. Des navettes entre la Porte de Versailles et Paris Nord Villepinte permettent aux éleveurs du SIA de se rendre au SIMA.

GdS : Quels sont les secteurs qui émergent dans cette édition 2017 du SIA ?

VLR : Comme sur un nombre croissant de salons, la présence de startups apporte un grand vent de fraicheur en poussant l’innovation mais aussi l’économie collaborative. Pour le Salon de l’Agriculture, ceci prend un sens très particulier et légitime. En effet, le secteur agricole est depuis longtemps un espace qui favorise le travail collaboratif. Historiquement, les CUMA (réseau des coopératives d’utilisation de matériel agricole) organisent depuis longtemps le partage de matériel et de salariés dans le monde rural. C’est tout naturellement qu’aujourd’hui le numérique favorise et accélère ce genre de pratiques vertueuses et anciennes. Plusieurs espaces en sont la preuve au sein du salon : le secteur Agriculture 4.0 qui est passé de 100 à 400 m2, la Ferme Digitale qui est une association de startups pour l’appel à financement, la Ruche qui dit oui favorise les circuits courts, la proximité.

GdS : Qu’est ce qui pourra vous faire dire, le 5 mars au soir, que le salon est réussi ?

VLR : Bien sûr, le chiffre d’entrées constitue toujours la partie la plus visible de l’iceberg. Après avoir frôlé 700.000 visiteurs certaines années, le SIA a subi comme la plupart des salons, les conséquences des attentats. Cette année, nous attendons raisonnablement entre 620.000 et 630.000 visiteurs. Au-delà de cet indicateur un peu trop simpliste, notre satisfaction viendra en premier lieu du bon climat d’affaires. On notera que le panier d’achat moyen évolue chaque année pour se situer en 2016 à 91 euros. Pour résumer, si nos exposants, régions et producteurs, sont contents, nous serons contents !

Propos recueillis par Hervé Boussange

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