16 entreprises consultées pour un appel d’offres de stand La profession réagit

16 entreprises consultées pour un appel d’offres de stand La profession réagit

Dans les affaires, la concurrence est saine, et nul ne remet en question le principe qui consiste à organiser des consultations auprès de differents prestataires pour comparer les offres et obtenir les meilleurs projets et tarifs. La filière salons n’échappe pas à la règle, et les prestataires sont régulièrement soumis à des appels d’offres. Ceci implique pour les entreprises consultées un véritable investissement. Faire travailler des équipes sur un projet qui n’est pas sur de voir le jour est toujours un pari, mais c’est la règle du jeu et souvent la seule voie pour conquérir de nouveaux clients, ou même fidéliser ceux qui vous font déjà confiance.

Dans la pratique, les acheteurs consultent plusieurs entreprises à partir d’un cahier des charges commun. L’usage veut qu’en général trois entreprises, au maximum cinq, soient consultées. Ces chiffrent répondent à une double notion de bon sens, aussi bien pour les prestataires consultés qui peuvent élaborer un projet avec des chances réelles d’être récompensés de leurs effort, mais aussi pour les donneurs d’ordres, qui devront consacrer un temps précieux à l’étude sérieuse de toutes les réponses.

Cependant, certains n’ont que faire de ces « convenances ». Ainsi, 16 agences de design de stand se sont récemment retrouvées réunies au siège d’une entreprise pour répondre à un même appel d’offres. Certes, le budget de cette consultation, 45 000 euros, est important, mais on se demande quelle mouche a piqué ces responsables des achats pour organiser un tel tour de piste, humiliant pour les consultés, et pas nécessairement productif pour les consultants ?

Le LEADS interpelle

Alertés par leurs adhérents, les représentants de la profession n’ont pas tardé à réagir. Ainsi, Fabrice Laborde, président du LEADS, a fait partir le 24 mars un courrier à la direction de l’entreprise incriminée :

Monsieur, 

Je fais suite aux plaintes et remontées de notre profession des agences design et stand concernant la forme et le fond de l’appel d’offre que vous avez mis en place pour le concept de votre stand pour le salon Équip-Auto. Vous avez convoqué en vos bureaux 14 ou 16 agences, sans les avertir du procédé pour le moins amateur mais surtout exceptionnel d’une confrontation directe en les réunissant en un même lieu, au même moment pour le même projet.

Outre, le manque de décence et de respect que vous semblez accorder à notre profession, la dépense en recherche et conception que vous faites supporter à notre corporation représente à notre charge la totalité du budget que vous consacrez à votre stand. Cette situation nous est inacceptable. Sachez qu’avant de passer en phase de construction, les valeurs ajoutées de notre métier sont l’étude, l’assimilation, la compréhension de vos marques ainsi que la conception et le graphisme de votre stand, qui vous permettra d’être mieux vu et mieux compris des visiteurs. Ces études faites par des designers, graphistes et chargés techniques se traduisent en jour/homme et supportent un coût moyen de 2800€ par projet. Cette somme est à notre charge puisqu’il est ainsi dans notre profession.

Pour autant, et au regard de l’investissement que nous faisons, il est établi des règles au même titre que les agences de communication : à savoir un maximum de 5 agences en compétition, même si la norme en préconise seulement 3 pour un budget équivalent à votre projet. Malgré cette somme importante de 45.000€ que vous nous faites dépenser, nous savons vous et nous que vous ne consacrerez pas le temps nécessaire à recevoir chacune de nos 16 agences, ni pour le rendu, ni pour le temps de réflexion, ce qui représenterait pour vous l’équivalent de 9 jours de travail à temps plein. Notre travail sera vain, aucune relation et réflexion commune ne sera établie entre nous, votre stand n’aura aucune chance d’être efficient et personne ne sortira grandi de notre « collaboration ». Que de temps et d’argent perdus pour rien ! Vous voyez bien que cela n’a pas de sens.

Je ne peux pas croire que votre démarche soit le fruit du hasard ou de la méconnaissance de notre métier, une simple réflexion logique aurait suffi à nous épargner cela. Aussi, et en liaison avec la Fédération, je pense qu’il serait important et même nécessaire de clarifier votre position afin d’avoir une réponse à votre demande et de ne pas ternir votre image dans une profession qui se compose de 100 membres influents et adhérents de l’un ou l’autre des groupements. Je vous propose d’établir un courrier à l’adresse du Leads et de la Fédération en vous engageant sur la sélection de 3 agences que vous aurez choisies parmi celles que vous avez reçu. Ne voyez pas dans cette demande une mesure de rétorsion, mais c’est le moyen le plus sûr d’avoir une réponse à votre demande et un stand qui remplira vos objectifs sur Equip-auto. J’espère que vous comprendrez le sens de notre démarche et notre désarroi. Vous conviendrez que malgré l’huile d’olive, il est des choses qui ne passent pas. 

Veuillez agréer Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués. 

Fabrice Laborde Président du Leads.

 La FFM2E réagit également

L’ensemble de la profession est solidaire, et François Guarino, président de la FFM2E a également fait part de son indignation en adressant aux intéressés le message suivant :

Monsieur,

Suite à la réunion EquipAuto qui s’est tenue dans vos locaux et à l’information que j’ai eu via les  bureaux d’étude qui ont été sollicités par vous, en tant que Président de la Fédération des Métiers de l’Exposition, lié à UNIMEV, organisme regroupant les foires, les expositions et les parcs, je confirme notre surprise et notre indignation par rapport à vos méthodes.

En effet, 16 bureaux d’études pour un projet, même si ce projet est important, est absolument inadmissible. Le temps passé de ces 16 bureaux d’études voire même des 10 qui accepteraient de répondre à votre cahier des charges, est totalement anormal.

Je vous demande de reconsidérer ce type de consultation et je me permets de vous envoyer le guide pratique des salons où en général, nous nous arrêtons, nous à 3 confrères consultés voire 5 dans certains cas mais jamais au-delà de ces chiffres.

Cordialement,

 François GUARINO

A notre connaissance, ces courriers n’ont à ce jour pas reçu de réponse.  Cet exemple illustre les pratiques parfois constatées lors de consultations, et dont les auteurs même ne mesurent pas forcément toute la portée. La pratique des appels d’offres est bénéfique quand elle est vertueuse.

Formulons un voeu : Espérons que les réactions unanimes de la profession et leur médiatisation agissent comme un révélateur, provoquent une prise de conscience des donneurs d’ordres et permettent de tendre vers plus de déontologie dans les consultations.

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