Applications salons, Goomeo jette l’éponge

Applications salons, Goomeo jette l’éponge

La crise sanitaire liée au coronavirus frappe sans distinctions tous les secteurs de la filière événementielle. Les annulations de salons sont la partie visible de l’iceberg, masquant une multitude de situations insoutenables pour tous ceux dont l’activité est liée de près ou de loin à l’organisation d’événements. On pourrait imaginer que les acteurs du numérique opérant pour les salons ou congrès soient épargnés par ce phénomène, voire qu’ils en deviennent les grands bénéficiaires. L’exemple qui suit illustre bien le fait que nous sommes tous liés par un même écosystème dans lequel on ne compte aucun gagnant depuis mars dernier.

Ainsi, les dirigeants de Goomeo, startup bien connue pour avoir développé de nombreuses applications salons et congrès, ont décidé de mettre un terme à leur activité liée aux événements. Les applications développées par Goomeo ont contribué depuis une dizaine d’années à favoriser l’engagement et l’expérience des participants aux salons et congrès. Parmi les clients de Goomeo, on compte Comexposium, GL events, Reed Expositions et beaucoup d’autres grands acteurs du secteur.

La perte d’une expérience sans équivalent

L’activité de Goomeo liée au événements cessera définitivement début décembre. Pourquoi et comment une telle entreprise, qui symbolisait concrètement la transition numérique des événements a-t-elle pu prendre cette décision douloureuse, entrainant le départ de 13 salariés sur 17 ?

Interrogé à ce sujet, Franck Auzanneau, CEO et Co-Fondateur de Goomeo explique : « notre offre est avant tout dédiée aux grands événements, salons professionnels et internationaux. Or ils ont été les premiers à faire l’objet d’annulations ou reports, liés à l’impossibilité des participants asiatiques ou américains de participer. Nos applications reposant en grande partie sur la participation en présentiel à ces événements ont de fait perdu leur utilité ».

Florian Courgenouil, le Directeur Marketing et Commercial avoue pourtant avoir entraperçu une embellie : « En juin / juillet, le redémarrage était envisagé avec de bonnes perspectives. Nous étions en ordre de marche sur de la R&D avec une offre élargie au distanciel, mais les mesures gouvernementales limitant à 5000, puis 1000… puis zéro participants ont ruiné tous nos espoirs. Nous ne sommes pourtant pas restés inactifs, en permettant au SPACE d’organiser ses visio-conférences. Malgré tout, le chiffre d’affaires réalisé grâce aux événements digitaux n’a pas permis de compenser les pertes liées à l’annulation des événements en présentiel ».

Des problèmes enfouis depuis des années sont révélés et accélérés par la crise

Au-delà de cette chute précipitée par l’actualité des 6 derniers mois, Florian Courgenouil revient sur les raisons plus profondes : « La crise actuelle met les organisateurs face à des problèmes anciens, comme un manque de remise en cause du seul modèle traditionnel en présentiel des salons ». Il relève aussi « la trop faible propension à faire vivre et animer la communauté créée à partir des événements entre deux sessions, que ce soit par la création d’évènements périphériques ou en distanciel ». Il considère que « tous les problèmes enfouis depuis des années sont révélés et accélérés par la crise ». Pour ajouter en forme de conclusion : « nous sommes face à une transformation sans précédent de notre industrie qui nécessite une remise en question de nos modèles et une anticipation des enjeux à venir de notre société, qu’ils soient sanitaires, climatiques, environnementaux, sociétaux… La question à laquelle nous devons collectivement répondre est la suivante : quel est le modèle de la rencontre de demain ? »

Quoi qu’il en soit, la France perd un acteur pionnier et performant de la digitalisation des événements, avec une offre et des compétences qui n’ont à cette heure pas d’équivalent.

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