Depuis 50 ans le salon de l’Agriculture creuse son sillon

Depuis 50 ans le salon de l’Agriculture creuse son sillon

Le Salon de l’Agriculture est un trait d’union qui réunit chaque année les citadins et le monde rural. Bien loin des effets de mode, cette parenthèse champêtre et médiatique s’avère durable.

Cette année encore, pour le cinquantième anniversaire du SIA, ce sont exactement 693.752 visiteurs qui ont bravé les embouteillages et la foule pour déambuler entre vaches et semis à la porte de Versailles.

Pour beaucoup d’entre eux, c’est l’occasion de s’immerger dans la France rurale, celle de leurs racines. Le prétexte inespéré pour arracher le petit dernier à sa console et lui montrer les moutons de grand-papy Lucien, ou les pintades de tata Fernande. Derrière cette nostalgie inégalement partagée, il faut bien constater que la magie opère, tant les visages des grands et des petits reflètent l’émerveillement.

Le souffle des grandes expositions

Cet évènement est l’un des très rare en France, à avoir su conserver l’esprit des expositions universelles d’antan. Ces grands moments, qui témoignaient de la puissance et de la vigueur d’un pays, et rassemblaient personnages publiques et citoyens venus humer un moment d’histoire ou approcher quelques célébrités. La plupart des foires sont devenues de simples instants commerciaux. Qui se souvient que Jean Monnet signait dans les années cinquante un traité européen sur la Foire de Paris ? En s’imposant comme une tribune publique à laquelle personne ne peut échapper, le SIA s’est couvert depuis 50 ans d’un voile d’immortalité. Un privilège que peuvent lui envier la plupart des autres évènements grand-public français.

Paris, capitale mondiale de l’agriculture

Au-delà de la balade familiale et du moment citoyen, le salon de l’agriculture reste avant tout un évènement économique majeur. L’occasion pour le monde agricole de faire la démonstration de son dynamisme, et de rappeler que l’agriculture représente le premier poste exportateur de la balance commerciale française.

Avec la tenue conjointe du SIMA (Salon International de la Machine Agricole) au Parc des Expositions Paris Nord Villepinte, ce sont plus d’un million de personnes qui ont fait de Paris, le temps d’une semaine, la capitale mondiale de l’agriculture et de l’élevage.

Le SIA est une opportunité pour beaucoup d’exposants de mettre en lumière leurs savoir-faire, leurs animaux, leurs produits, leurs régions…

La Gazette des Salons est allé récolter le témoignage de quelques-uns.

Saveurs gagnantes pour le Limousin

Laurent et Nathalie Butot, restaurateurs limougeaux ont déplacé le temps d’une semaine, leur restaurant, le Geyracois, jusqu’à la capitale. Soutenus par la région Limousin et le Crepal (viandes et pommes du Limousin), ils sont les portes drapeaux de la qualité des viandes de leur terroir.

Sur leur stand/restaurant, plus de 500 couverts ont été dressés par service, pendant toute la durée du salon. De quoi faire partager au plus grand nombre le fondant du bœuf, du veau blason prestige et de l’agneau Baronet made in Limousin. Au total, ce sont 21 bêtes à la traçabilité irréprochable qui ont été servies par les 18 employés. Le responsable du stand, Laurent Butot, constate que la récente polémique sur la provenance douteuse des viandes à usage industriel, conduit beaucoup de consommateurs gastronomes à revenir vers plus d’authenticité. Une réalité sonnante et trébuchante qui se concrétise par un chiffre d’affaires de 140.000 euros pour les 9 jours du salon de l’Agriculture.

Nouméa – Paris

Yannick Couète, Directeur Général de la Chambre d’Agriculture de Nouvelle Calédonie, fait le déplacement dans la métropole avec des objectifs bien précis : Tout d’abord, faire connaître au public l’agriculture de son archipel. Pour cela, il fait appel à des jeunes néo-calédoniens qui étudient dans la capitale, chargés de faire découvrir au public les produits locaux.

Le (long) déplacement au SIA est également l’occasion d’échanger et de développer des synergies et coopérations techniques avec d’autres chambres d’agriculture. Un point très important selon Yannick Couète, qui a profité de l’édition 2013 pour nouer des partenariats productifs. Pour lui, la participation au Salon de l’Agriculture est stratégique. Un choix qui se fait parfois au détriment d’autres salons comme le SIAL.

Goûter les fruits de la recherche

On compte très peu d’aussi belles vitrines pour la recherche agronomique que le Salon International de l’Agriculture. C’est le constat établi par Frédérique Causse, chargée de communication au CIRAD, l’institut de recherche agronomique pour le développement.

Une présence fidèle (la 18ème) dans les allées de la « plus grande ferme de France » permet à cet organisme de montrer à un large public, et de manière concrète, les travaux de la recherche. Cette année, le thème mis en lumière « cultiver la biodiversité » a permis de faire manipuler et gouter de nombreux produits issus de cette filière. Une confrontation utile entre le grand-public et la science : la biodiversité, ce n’est pas seulement « bien », ça peut aussi être bon et beau. Frédérique Causse remarque que le déplacement des « institutionnels » du hall 3 vers le hall 4 opéré cette année, a modifié le type de visites de son stand, en privilégiant la qualité au détriment de la quantité.

Pour le CIRAD, l’objectif est aussi « politique », puisque la participation au SIA permet de rencontrer de nombreuses délégations étrangères et de développer des partenariats.

On mesure à travers ces quelques rencontres, toute la diversité des exposants, et de leurs motivations à participer à ce grand rendez-vous qu’est devenu le Salon International de l’Agriculture au fil de cinquante années. Il semble loin, le temps où Jacques Chirac, maire de Paris, épongeait les dettes d’une manifestation exsangue, et confiait son organisation au Comité des Expositions de Paris. Que de chemin parcouru, et d’énergie déployée depuis ces années pour redevenir l’évènement qu’il est aujourd’hui !

Diversité et richesse seront au rendez-vous, à n’en pas douter lors de la 51ème édition du Salon International de l’Agriculture, qui aura lieu du 22 février au 2 mars 2014 toujours à la porte de Versailles.

Hervé Boussange
Gazette des Salons

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