Formation aux métiers de l’événementiel : Apprendre à organiser !

Formation aux métiers de l’événementiel : Apprendre à organiser !

Le secteur événementiel fait rêver un nombre croissant d’étudiants. Les motivations de cet engouement sont nombreuses, généralement dictées par la volonté de fuir les jobs répétitifs et les carrières routinières. Un grand nombre de vocations sont aussi amorcées par une première expérience associative. Il faut dire que le secteur événementiel est séduisant pour les jeunes générations par la diversité des débouchés offerts (événements d’entreprises, salons et foires, sport, culture…). Son attractivité est aussi nourrie par l’ensemble des missions et compétences nécessaires à la réussite d’un événement : du marketing à la logistique, en passant par le commercial et le digital. Le “chef de projet événementiel”, fonction la plus souvent mise en avant par les différentes écoles, doit être une véritable chef d’orchestre, ce personnage qui permet à tant de solistes de jouer en harmonie la même partition.

Evènementiel et digital font bon ménage

La révolution digitale, contrairement aux premières craintes, a redonné des couleurs à l’événementiel. Depuis une dizaine d’années, le web et la rencontre en face à face ont démontré une belle complémentarité. Si les réseaux sociaux et les outils digitaux sont devenus indispensables à la réussite d’un événement, on constate qu’en retour, de plus en plus d’acteurs majeurs du web créent ou participent à des événements en tout pragmatisme (Meetics et ses soirées de rencontre, Bla Bla Car sur Foire de Paris, AirBnB au Salon des Maires…). Quoi de mieux qu’un événement pour fédérer une communauté et avoir des choses à dire sur la toile ? On a ainsi constaté que digital et événementiel étaient les deux secteurs qui avaient le mieux tiré leur épingle du jeu par rapport aux autres canaux de communication depuis la crise de 2008. Il y’a encore peu de temps, faute de formations dédiées, le monde de l’événementiel, dirigeants compris, faisait appel aux profils les plus variés, allant de la traditionnelle école de commerce jusqu’au CAP d’électronicien en passant par la médecine et quelques autodidactes. Beaucoup de décideurs salons d’aujourd’hui ont ainsi fait connaissance avec l’univers événementiel « par hasard » en participant ou contribuant au salon de leur secteur professionnel d’origine. L’attachement à cette filière hors norme liant ensuite définitivement leur parcours au monde des salons. Une diversité qui rendait aussi cette filière « de la rencontre » profondément humaine et créative avec l’émergence de quelques personnages hauts en couleur.

La profession s’investit dans la formation

Aujourd’hui, poussées par l’opportunité que représente l’événementiel en termes d’accueil étudiants mais aussi de débouchés professionnels, de nombreuses formations publiques ou privées l’ont intégré à leur offre. Les cursus proposés sont en majorité des Bac+3 (Bachelor ou licence pro), mais aussi des Bac+5.

Interrogé à ce sujet, Matthieu Rosy, Directeur Général d’UNIMEV (Union Française des Métiers de l’Événement), insiste sur la nécessité qu’il y’avait à mettre en phase les formations existantes avec la réalité de la demande : “Les écoles qui sortaient des Bac+3 étaient insuffisantes en quantité et ne préparaient pas forcement les profils supérieurs, les futurs top managers de la filière. Il nous fallait aussi des formations qui épousent l’évolution de nos métiers vers plus de digital et de marketing et soient de nature à attirer de nouveaux talents.”

Matthieu Rosy UNIMEVHistoriquement, UNIMEV s’est toujours investi pour soutenir des formations événementielles (OME, Paris XIII…). Un engagement qui s’intensifie aujourd’hui avec plusieurs initiatives, comme la création de LéCOLE (voir plus bas), le lancement de challenges étudiants à partir de thématiques portées par des professionnels, ou encore le Prix des écoles lors du congrès SYT. UNIMEV a également été à l’initiative de “Before Work”, un speed meeting qui réunit 90 étudiants et 35 entreprises autour de 250 rendez-vous. “Nous avions besoin de construire un réseau partenarial fort avec des formations supérieures” reprend Matthieu Rosy. “A cela, trois objectifs : Le premier est lié au recrutement, en renforçant le potentiel immédiat de la filière pour attirer des profils dont l’événementiel n’est pas la destination spontanée, sortir d’une attractivité liée au hasard pour susciter des vocations plus structurées et voulues. La création de LéCOLE est une action absolument clé de cet axe stratégique, elle doit renforcer l’attractivité de la filière et en être une véritable vitrine. Le deuxième objectif porte sur la sensibilisation et l’acculturation à notre filière en transmettant une culture événementielle, même à ceux qui ne travailleront pas directement dans le secteur, afin qu’ils puissent insérer l’événementiel dans les stratégies marketing qu’ils auront à mettre en place dans leurs fonctions managériales. Pour cela, nous intervenons entre autres à Sciences Po ou à l’ESCP. Enfin, le troisième objectif vise le secteur universitaire : Sur le long terme, nous devons susciter de la recherche sur l’événementiel. L’événement est très riche en innovation et créativité. Il faut apporter la connaissance du secteur aux étudiants et enseignants pour une reconnaissance accrue. »

Bac + 3 : Opérationnel avant tout !

Les formations événementielles validant un niveau Bac+3 représentent l’offre la plus fournie. Les diplômes correspondants sont des bachelors ou des licences pros. Les cours dispensés couvrent en général la large palette des problématiques qu’auront à traiter les futurs chefs de projet événementiel : marketing et communication bien sûr, mais aussi logistique et technique, sécurité, finance, juridique, commerce et management… Dès ce stade on relève des différences entre les cursus proposés, tant au niveau du contenu que de la vocation finale. Il s’agit donc de choisir en toute connaissance de cause la formation répondant le mieux aux différentes aspirations des étudiants. Pour illustrer cette diversité, nous nous sommes intéressés à trois parcours :

OME (Organisation et Management de l’Evènement)

Cette formation fait partie des précurseurs puisqu’elle existe depuis septembre 2000. Crée à l’époque à l’initiative de la profession et de l’Institut Robin de Vienne, elle dispense une formation initiale très opérationnelle y compris dans les aspects logistiques et techniques. Les admissions sont accessibles aux BAC+2. Les enseignements se déroulent de septembre à janvier, puis les étudiants partent en stage pour une durée de 5 mois minimum avec l’objectif d’accompagner la création d’un événement de A à Z. La formation OME, dispensée sur 5 sites en France (Vienne, Paris, Marseille, Toulouse, Strasbourg et Cannes à la rentrée 2018) et même en Chine, est inscrite au RNCP « Registre National des Certifications Professionnelles ». Sa particularité est de bénéficier d’un solide encadrement professionnel issu du monde des salons, puisque le président du conseil de perfectionnement n’est autre que Jacques Danger, co-fondateur de GL Events, entouré d’autres professionnels de renom dont Madame Françoise Wajnglas, marraine très impliquée de la promotion 2017 OME Vienne.

Licence MCE Paris XIII

licence pro evenementiel saint denis

La licence Pro MCE (Management Commercial de l’Evènementiel) dispensée à Saint Denis par l’Université Paris XIII est une des rares formations proposées par le secteur public, ce qui constitue un intérêt certain pour les étudiants ne souhaitant pas, ou ne pouvant pas investir dans des frais de scolarité élevés. Elle a été créée en partenariat avec UNIMEV. Autre atout, elle se pratique en alternance et répond à une mission publique d’insertion professionnelle par l’apprentissage avec le CFA Sup 2000.

Des entreprises majeures du secteur telles que Reed Expositions, Comexposium ou FG Design n’hésitent pas à accueillir des étudiants, ce qui constitue un bon indicateur en termes d’exigence. Cette formation d’un très bon niveau aborde tous les aspects de l’événementiel en mixant le contenu académique et l’apport de professionnels du secteur. La licence MCE revendique clairement une signature commerciale, ce qui la distingue de la plupart des autres formations plus généralistes, et répond ainsi à la principale demande de la filière, toujours en quête de jeunes profils opérationnels, capables de commercialiser des prestations événementielles.

Licence MPE – IAE Lille

Autre formation du secteur public en alternance, la Licence Pro Management de Projets Evénementiels est la seule Licence Pro ancrée dans un IAE, école universitaire en management. Elle forme des futurs chefs de projets en abordant notamment les problématiques de sécurité et de production (management de projet, cahier des charges, …). La partie professionnalisante est marquée par la réalisation de projets événementiels réels en lien avec des partenaires. Par exemple, en 2017, le projet principal a été la production d’un événement hybride (salon, congrès, trophées) unique en nord de France : le Comenorday, qui a accueilli 100 exposants et 2500 visiteurs.

Bac+5 : Le management pour horizon

Comme Matthieu Rosy l’a souligné dans ces lignes, le secteur appelle de ses voeux l’émergence de dirigeants vraiment imprégnés de culture événementielle. Pour cela, plusieurs formations proposent de briser le plafond de verre Bac+3, qui interdisait jusque-là les postes de Top Management à ceux qui avaient délibérément et souvent par passion, choisi la voie événementielle. Focus sur quatre parcours :

MBA Marketing & Communication Evénementiel – EFAP

L’événementiel est une des composantes les plus légitimes de la communication, puisque les foires antiques ont certainement été le premier média de l’histoire de l’humanité. Consciente ou non de cette filiation, l’EFAP, la prestigieuse école de communication a compté parmi les premières à proposer une formation supérieure événementielle il y’a 10 ans à Paris. Un engagement gagnant, puisque de 22 étudiants à la création, ils sont désormais 72 à convoiter ce MBA dans la capitale ou à Bordeaux. Un chiffre toutefois inférieur aux 90 propositions de stage entrantes de la part d’entreprises toujours séduites par la signature EFAP. Les étudiants sont en majorité des “Efapiens” ou des diplômés d’écoles de commerce. On compte également 20 % de reconversion professionnelle. Exigeante et complète, la formation management et communication événementielle se déroule sur 12 mois : 6 mois de formation académique totalisant 450 heures de cours, puis 6 mois de mission en entreprise, aboutissant à un mémoire de fin d’études.

l'école de l'événement

Event Manager – LéCOLE the event thinking school

Répondant aux besoins identifiés par la profession, cette formation sur 2 ans accessible après avoir validé au minimum un BAC+3, a été lancée à la rentrée 2017 par UNIMEV et LÉVÉNEMENT (association fédérant 70 agences de communication événementielle) avec le soutien de 40 entreprises partenaires. Forte de cet engagement des professionnels du secteur, L’éCOLE a pour objectif de former les futurs managers de la filière événementielle. Pour cela, c’est un format original, en phase avec les réalités du métier qui a été retenu : L’école nomade, basée sur la “pédagogie du mouvement” telle que la définit Hubert Dupuy, son Directeur Général. Ainsi, les 17 étudiants de la première promotion se déplacent sur différents sites événementiels, en visitent les coulisses, en étudient le schéma économique et s’imprègnent pendant plusieurs jours des spécificités de chaque lieu. L’éCOLE prépare ses étudiants à créer un projet, à le défendre, à lui donner des contenus, à arrimer une communauté autour de l’événement, et à le commercialiser… Ici, on ne sectorise pas entre salons et événements d’entreprise, culturels ou sportifs, mais la distinction se fait de manière finalement plus pragmatique entre les différents schémas économiques : formats propriétaires ou bien « réalisés pour le compte de ». L’accompagnement des étudiants se fera naturellement par le réseau important qui a conduit à la création de L’éCOLE, mais également via une appli très puissante qui intègre les phases de méthodologie, la synthèse des enseignements, et fera office de référent pour la suite.

MBA & MSc Management de Projets Evénementiels – ESC La Rochelle

Il n’est pas obligatoire d’être parisien pour bénéficier d’une formation supérieure événementielle : l’ESC La Rochelle propose un cursus en deux ans en initial ou en alternance. Les étudiants proviennent pour un tiers d’écoles de commerce et pour la majorité, ont suivi un cursus tourisme. Les enseignements dispensés sont : le management opérationnel de projet événementiel, la commercialisation des événements, le design d’événement et le cost control.

MSc International Events Management – EM Normandie

Cette formation, accréditée par la Conférence des Grandes Ecoles accueille des candidats français ou internationaux titulaires d’un Bac+4 ou bien d’un Bac+3 avec 3 ans d’expérience professionnelle minimum. D’une durée d’un an, le MSc International Events Management est enseigné en anglais sur le campus parisien de l’EM Normandie (Paris 16). Il forme à l’organisation ou la promotion d’événements grand public ou professionnels. Il allie des enseignements de haut niveau dispensés par des enseignants-chercheurs de l’EM Normandie, des professeurs internationaux d’universités partenaires (Angleterre, Australie, Italie…) et des intervenants professionnels, des expériences pratiques en entreprise au travers de challenges, missions et stages, des rencontres avec des professionnels de la communication événementielle à Paris et à Las Vegas. Les étudiants de cette formation avaient remporté le prix des écoles lors du congrès UNIMEV 2016.

écoles événementiel

Au-delà de ces formations longues, il est nécessaire de rappeler qu’il existe des organismes spécialisés dans la formation pour les professionnels souhaitant compléter leurs compétences événementielles :

Infora
Tél. : 01 47 25 25 27 • E-mail : info @infora.fr

L’Institut de l’événement
Tél : 01 41 71 72 27 • E-mail : infos@linstitutdelevenement

JF Salon Conseils
Tél. : 04 72 78 68 81 • E-mail : jfremiot@salon-conseils.com

Dossier réalisé par Hervé Boussange pour le Guide des Salons de janvier 2018

 

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