Les enjeux et les acteurs de l’organisation de salon en France

Les enjeux et les acteurs de l’organisation de salon en France

Plus de 2000 salons et foires sont référencés chaque année dans l’agenda de la Gazette des Salons, illustrant une grande diversité de l’offre au plus près des spécificités de chaque territoire et de chaque secteur économique du pays. Parmi ceux-ci, environ 1200 sont adhérents à l’UNIMEV (Union des Métiers de l’Evénement), et sont pris en compte dans les statistiques délivrées par cet organisme. Les 800 autres événements étant portés par des associations ou des petits organisateurs indépendants, comptent pour beaucoup dans l’animation des territoires bien qu’étant en dehors des écrans radar de la profession.

Un secteur économique qui pèse plus de 4 milliards d’euros par an en France

Chaque secteur économique du pays, des grandes filières industrielles aux marchés de niche dispose au moins d’un salon réunissant son offre. Ainsi, les salons et foires représentent une véritable industrie en France, dégageant 4,3 milliards de chiffre d’affaires direct. Un chiffre qui pourrait sembler dérisoire, comparé aux 33 milliards engrangés par le secteur de la communication dans son ensemble. Toutefois, le secteur événementiel au sens large, et les salons en particulier comptent parmi les secteurs de la communication qui tirent leur épingle du jeu face à des médias sinistrés comme la presse, avec une croissance moyenne de 4,7% qui ne s’est jamais démentie même aux pires moments de la crise de 2008.

Si l’on devait résumer à l’extrême la vocation des acteurs de l’organisation de salon, on pourrait affirmer que leur rôle est « d’organiser la rencontre » entre différents publics, réunis en un même lieu, au même moment par un intérêt commun : une passion partagée, une filière professionnelle identique, ou bien réunis par un intérêt économique évident. Dans un univers médiatique saturé, on redécouvre les vertus de la rencontre physique, de l’échange en face à face. Ceci en totale complémentarité avec le web. Il faut bien avoir à l’esprit que si les événements ont besoin d’internet pour émerger et rallier le public le plus large, internet a besoin du réel, du vécu, pour avoir des choses à véhiculer, des « stories » à proposer. Or, il n’est rien de mieux que la rencontre pour créer du contenu, susciter de l’intérêt et écrire de belles histoires.

Près de 15.000 ETP directement liés aux événements

L’événementiel (salons et événements d’entreprises) représente également et logiquement une filière qui génère de l’emploi. Selon l’INSEE, le secteur procure du travail à 14.700 ETP (emploi temps plein). Parmi ceux-ci 25% de cadres. Il est important de noter toutefois que près de la moitié de ces emplois sont pourvus en Ile de France. Côté entreprises, on dénombre un peu plus de 17 000 entités portant le code NAF 8330Z.

On a vu plus haut que le secteur des foires et salons dégageait directement 4,3 milliards d’euros de chiffres d’affaires. Une moitié revenant aux organisateurs de salons, et l’autre moitié aux professions satellites comme les agences de design de stand ou bien les professionnels de l’accueil et du tourisme. Mais ce qui est encore plus significatif pour le pays, ce sont les 34,5 milliards de transactions obtenues en un an via les salons, pour le bénéfice des 230.000 entreprises exposantes. Les PME françaises sont donc bien les premières bénéficiaires de la dynamique salon. Au-delà de ces seuls chiffres franco-français, il faudrait pouvoir prendre en compte les retombées économiques pour les entreprises tricolores qui exportent leurs produits et savoir-faire grâce aux salons internationaux.v

Exposer sur un salon : un retour sur investissement de 1 à 10 ?

Les salons sont aussi le seul média qui puisse se glorifier du fait de permettre en même temps de voir, toucher, sentir, écouter et goûter. Ils représentent l’unique média aux cinq sens. Une position irremplaçable qui devrait rassurer tous ceux qui sont inquiets pour le futur des évènements. Irremplaçables, mais pas inertes, les salons et foires se doivent bien sûr d’évoluer, de coller à leur temps pour entretenir cet atout majeur et conserver leur position de canal incontournable dans les échanges entre humains.

Une opération séduction difficile auprès des entreprises

Les salons sont un levier de business fort pour les entreprises. Une étude publiée en 2015 par UNIMEV fait état d’un retour sur investissement de 1 à 10 pour les sociétés ayant misé sur les salons pour développer leur activité. Un ratio impressionnant, mais parfois en décalage avec le ressenti des exposants quand on les questionne directement. Ce ROI est un argument de choc pour la filière, mais ne semble pourtant pas avoir convaincu l’ensemble des entrepreneurs. Selon une autre étude, la CCI Paris-Ile-de-France met l’accent sur la sous-exploitation des salons par les PME françaises. Seulement 15% des 270.000 entreprises franciliennes déclarent exposer sur les salons, alors que la grande majorité de leurs concurrents allemands mise depuis longtemps sur le salon pour se développer. Manque d’information, résultats faussés ou bien jalousement gardés, faible culture salon, coûts trop importants ou bien évolution des mentalités trop lente… toujours est-il que la marge de progression est grande pour les organisateurs de salons hexagonaux pour rejoindre le succès de leurs confrères d’outre-rhin.

Mieux évaluer la performance des événements

Parmi les outils qui devraient les aider à développer le média salon dans notre pays, on identifie Cleo, le calculateur de performance événementielle développé par Unimev et le Comité Régional du Tourisme Paris Région. Cette plateforme informatique permet d’évaluer les impacts des événements grâce aux données saisies par les professionnels à partir de 72 indicateurs. La performance de la rencontre, les retombées événementielles et touristiques, ainsi que le bilan environnemental sont analysés pour avérer les nombreux bénéfices que peut apporter un salon à un territoire et son tissu économique. Cléo compile un ensemble de données stratégiques de nature à convaincre à la fois les entreprises à investir sur le média salon, et les acteurs institutionnels locaux à envisager les salons et événements comme un levier de développement pour leurs territoires. Tout ceci à condition de pouvoir communiquer au grand jour à partir de ces données. Sans cela, et si elles devaient rester sous le manteau, il sera difficile de convaincre les entreprises d’investir enfin dans des stands.

Qui sont les organisateurs de salons ?

Parmi les sociétés organisatrices de salons et foires et France, nous avons distingué 4 catégories :

Les groupes de dimension internationale

En premier, les groupes de dimension internationale, principalement orientés vers les salons professionnels. Dans cette catégorie « premium », on peut citer Reed Expositions, l’émanation française du principal groupe d’organisation de salons dans le monde ; Comexposium organisateur historique de la Foire de Paris et du Salon de l’Agriculture mais aussi de nombreux événements B2B à l’international ; GL Events, le groupe lyonnais présent sur l’ensemble de la chaîne événementielle (sites, organisation, prestations).

Les acteurs locaux

La deuxième catégorie est constituée par les acteurs locaux, gérant la plupart du temps le parc d’exposition ou palais des congrès de l’agglomération, et organisant en direct quelques événements parmi les thèmes classiques : foire, habitat, auto, mariage… et parfois quelques rendez-vous B2B. Ces organisations, rarement indépendantes, agissent généralement sous l’égide de collectivités ou CCI locales. La liste est longue tout autour de l’hexagone, mais on peut citer Exponantes, Destination Nancy, Occitanie Events à Montpellier, Congrès et Expositions de Bordeaux, Monev Montluçon, le Centre de Congrès d’Epinal, et tant d’autres…

Les Petites et Moyennes Entreprises

Ensuite, la troisième catégorie réunit de belles PME organisant entre 1 et 20 salons, le plus souvent en tant que référent dans un secteur d’activité précis, grand-public ou professionnel. Quelques exemples : SPAS, le leader des salons bien-être et santé, Mer & Vigne avec ses nombreux rendez-vous gastronomiques, MT Expos avec ses nombreuses foires locales et salons de l’habitat, ou bien HSC conseil qui s’est spécialisé dans la silver economy…

Les organisateurs indépendants

Enfin, la quatrième catégorie, qui est certainement la première en quantité, en inventivité et en débrouille, est représentée par tous les « petits » organisateurs indépendants. Beaucoup de micro entreprises et d’associations gérées par des passionnés organisent des salons animaliers, de collection, de bien-être, de gastronomie… dans les territoires oubliés par les « grands » organisateurs. Cette catégorie n’est certainement pas à négliger ou regarder de haut car elle anime un tissu local dense et représente ce que sont les « salons de proximité » en créant un lien fort avec la population. Ces salons, aussi modestes soient-ils, sont parfois à l’origine de grands événements. Ils permettent aussi d’initier aux métiers de l’événement un grand nombre de jeunes qui rejoignent ensuite après une bonne formation événementielle, les rangs des professionnels du secteur.

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